Morgane, ma fille avait 11 ans, lorsqu’elle a trouvé la mort à la suite d’un accident de voiture. C’est en puisant au plus profond de moi-même, des « forces inconnues », que j’ai noué les fils d’un dialogue impossible pour renaître à la vie.
Au début, il n’y a que du bonheur, si l’on excepte les petites blessures de la vie que l’on finit par surmonter, emporté par le tourbillon des jours qui se succèdent. Puis survient l’impensable, ce qui n’arrive qu’aux autres jusqu’à ce que l’on soit précipité à son tour dans la tragédie. J’ai connu tout cela. Le bonheur avec Morgane, la tragédie avec cet accident qui me prive à jamais de ma fille. Pourtant quand tout semble irrémédiablement perdu, rien n’est réellement fini. Il faut accepter de cheminer par des voies que l’on ne soupçonnait pas pour se reconstruire.
31 Décembre 2000, j’ai 30 ans. Après un mariage désastreux, je me suis installée dans le Loiret, je travaille dans l’automobile, 31 décembre 2000 jour de fête ! Morgane et moi roulons sur une route bordée de platanes, nous allons chercher ma sœur à la gare. Soudain, c’est l’accident, accotement, arbre, fossé, Morgane décède quelques heures après à l’hôpital. Je n’ai gardé aucun souvenir de l’accident. Je me suis d’abord sentie responsable car j’étais au volant tout en étant exonérée à cet égard par les constatations. C’est une maigre consolation, face au vide qu’il me faut désormais affronter. Je me lance donc âme perdue, dans le travail, démarche que je considère aujourd’hui comme une sorte de « suicide passif ». Issue d’un milieu catholique et de patrons, je m’applique d’instinct cette loi non écrite qui veut qu’on ne s’arrête pas face au malheur.
J’ai quitté la maison où je vivais avec Morgane, car je craignais de faire de « notre lieu de vie » un mausolée au risque de me détruire. J’ai entrepris une thérapie. Les mois s’écoulent, et je finis par retrouver « une forme de stabilité ». J’ai appris à agir et à réagir par moi-même et non plus selon « la norme ». Je m’ouvre sur d’autres perceptions. Je commence la rédaction de notre premier livre « Ma Mort, je m’en fous » et je mets fin à mes activités professionnelles.
Dans la même journée, trois personnes qui ne se connaissaient pas m’ont remis la carte professionnelle d’un médium. J’y voie un signe, néanmoins je m’interroge sur ma santé mentale mais l’instinct est plus fort, je décide de consulter. Je me suis retrouvée face à une personne douce et compréhensive. Elle m’a pris les mains et ses mots correspondaient à ceux d’un jeu que nous pratiquions Morgane et moi et qu’elle ne pouvait pas connaître. Puis cette médium m’ a tendu un bloc et un stylo et m’a dit « Vous n’avez pas besoin de moi pour communiquer avec Morgane » D’une main hésitante et tremblante j’ai écrit « Maman, je t’aime » A cet instant précis, j’ai enfin versé mes premières larmes…
Petit à petit, mes capacités de médium se sont révélées, j’ai appris à entendre et à écouter Morgane. J’ai cessé de vouloir tout démontrer quand Morgane m’a transmis ce message « Maman, tu es dans ma chambre et tu y voies mon bureau. Eteins la lumière ! Tu ne voies plus le bureau. Est-ce pour cela qu’il n’existe pas, qu’il n’existe plus… » Cette métaphore est le véritable point de départ de mon cheminement voire le déclic. Pourtant, parfois il m’est arrivé de douter de craindre de trouver des réponses qui ne soient pas celles de Morgane. Alors, j’ai appris à neutraliser à la fois mes doutes et mes jugements préconçus afin de me mettre dans une grande disponibilité d’esprit pour laisser le cœur s’exprimer et recevoir ce que j’ai à recevoir.
Ils ont lieu sous forme de pensées. Morgane n’est plus une enfant de 11ans, elle est devenue mon Guide. Notre relation est inversée, si je puis dire. Morgane a un rôle éducatif et protecteur, un peu comme une maman, et moi je découvre un univers qui m’est étranger, j’apprends comme un enfant. Ma relation avec Morgane, se poursuit, mais je ne m’enferme pas dedans. Au contraire, elle me force à m’ouvrir sur les autres sans jugement. Cela m’a incité à vivre ma propre vie, à profiter de l’instant présent sans perdre de temps.